50 martyrs français de la Seconde Guerre mondiale seront béatifiés le samedi 13 décembre en la cathédrale Notre-Dame de Paris. Il s’agit d’un groupe de prêtres, religieux, séminaristes et fidèles laïcs assassinés en haine de la foi sous le régime nazi entre 1944 et 1945. Ce groupe est composé de 14 prêtres (dont 5 religieux), 3 séminaristes et 33 laïcs (19 membres de la Jeunesse ouvrière chrétienne et 14 membres des Scouts de France), morts dans différents camps de concentration.
Parmi les futurs bienheureux, quatre ont un lien avec le diocèse : Camille Millet, Raymond Louveau, Lucien Croci, Joseph Paraire.

Biographie des 4 martyrs ayant un lien avec le diocèse de Créteil

Camille Millet (1922-1945)

Camille Millet est né le 20 février 1922 à Vertus (Marne). Après un certificat d’’études et une année de cours complémentaire, il suit l’école d’horticulture du Breuil. De 1940 à 1942, Il travaille comme horticulteur à la maison Chambost à Ivry. Il adhère très tôt à des mouvements catholiques pour la jeunesse. Au travail, il devient jociste, adhérent à la Jeunesse Ouvrière Chrétienne. Il devient l’un des responsables dès 1940. Le 21 décembre 1942, part comme requis en Allemagne à la place d’un père de famille requis. A Erfurt, il travaille chez un horticulteur, Rosen Müller. Il lance avec 5 jocistes un premier cercle d’étude dès son arrivée. Puis il crée 5 sections locales dans les alentours dès le début 1943. Il organise même une rencontre régionale les responsables catholiques en Thuringe Nord les 4-5 septembre 1943. Mais les correspondances écrites, les déplacements que ces initiatives entraînent, attirent l’attention de la police. Lors d’une permission en France, il repart avec une valise chapelle pour procurer aux prêtres clandestins les moyens de dire la messe. Il la camoufle dans sa chambre avec des vêtements sacerdotaux pour dire la messe. Le 19 avril, il est arrêté à Erfurt, et emmené à Gotha. La Gestapo se sert de la valise chapelle et des vêtements sacerdotaux trouvés dans ses affaires lors des interrogatoires pour l’avilir, lui et ses compagnons arrêtés pour la même cause. En effet, ils sont interrogés par un spécialiste des questions religieuses. Incarcéré à la prison de Gotha avec ses onze compagnons, il réussit à faire rentrer dans la cellule, qu’ils partagèrent à onze, un bouquet de fleurs d’immortelles. Il en façonna une croix. Il les avait cueillies à l’extérieur, puisque les prisonniers sortaient travailler tous les jours dans les fermes avoisinantes, surveillés par leurs gardiens. Elle fut bénie par l’abbé Lecoq qui l’accrocha au mur et ils prièrent devant. Le 25 septembre 1944, il signa son motif de condamnation : « Par son action catholique auprès de ces Français, pendant son service du Travail obligatoire, a été un danger pour l’Etat et le peuple allemand ». Le 12/10/44, Camille partit pour Flossenbürg, reçut le n° 28 901. 
Transféré le 30 octobre au commando de Zwickau (usine d’armement), il revint, malade, à Flossenbürg. Camille Millet décède le 15 avril 1945.

Raymond Louveau(1913-1945)

Raymond Louveau  est né le 12 avril 1913 à Aubervilliers (banlieue parisienne). Il est boucher et chef scout. Il se marie le 23 novembre 1936. Une fille nait de cette union. Le 2 septembre 1939, il rejoint le 89ème régiment d’infanterie à Sens. Blessé le 5 juin 1940, il est fait prisonnier le 11 juin 1940. En Allemagne, ils sont tous les deux prisonniers au Stalag VI G à Bonn-Cologne. Maurice Bouchard est secrétaire –trésorier de l’œuvre d’Assistance des prisonniers de guerre. En juillet 1943, il avait déjà expédié environ deux millions de francs en France. Les activités interdites sont liées au scoutisme. Raymond Louveau met sur pied une organisation scout avec d’anciens scouts et en forme de nouveaux, avec J. Préhu, R. Boitier, R. Défossez…Maurice Bouchard entre dans le scoutisme en lien avec un groupe de scouts de Cologne. En application du décret nazi du 3/12/43 contre l’action catholique française parmi les Travailleurs français en Allemagne nazie, ils sont arrêtés le 22 août 1944 au commando de Hardthöle du Stalag VI G par la Staatspolizei de Cologne, alors qu’ils sont prisonniers de guerre. Les interrogatoires à la prison de Brauweiler montrent que la Gestapo est furieuse que le scoutisme ait été favorisé par l’autorité militaire. L’action catholique clandestine est jugée propagande antinazie. Le P. Eloi Leclerc, franciscain rescapé de Buchenwald et du « train de la mort » vers Dachau explique : nos réunions et nos rencontres n’avaient d’autre objectif que d’aider nos frères du STO à rester chrétiens…Et c’est uniquement sur ces réunions et rencontres qu’ont porté, à ma connaissance, les interrogatoires de la Gestapo.   

Ils sont déportés le 17 septembre 1944 à Buchenwald, Maurice Bouchard, n°81902 ; R. Louveau, n° 81808 ; transférés au commando de Langensalza le 12 novembre. Tous deux décèdent en avril 1945, fusillés lors d’un « convoi de la mort » vers Dachau, par suite d’une révolte dans le wagon.

Lucien Croci(1919-1945) 

Lucien Croci (1919-1945) Lucien Croci est né le 15 novembre 1919 à Aubervilliers, en banlieue parisienne. Il devient imprimeur à l’issue de son apprentissage. Scout dès 1929, il lance la Jeunesse Ouvrière Chrétienne à Vincennes en 1936, puis devient dirigeant régional jociste de Paris en 1942. Il effectue son service militaire en 1940. Du 1er août 1940 à janvier 1941, il est appelé aux Chantiers de la Jeunesse. Juin 1943, il est requis pour le Service du Travail Obligatoire, à cause de la loi de Vichy qui oblige les jeunes nés en 20-22 à fournir de la main-d’œuvre à l’Allemagne. En Allemagne, il arrive le 30 juin 1943 et est affecté à Berlin à la firme F.M. Schultze. Ses activités interdites de type action catholique le mettent très vite en danger, à cause de la situation de Berlin, où des pressions policières et des infiltrations de mouchards s’exercent particulièrement. Il est responsable de l’action catholique pour Berlin-Sud-Ouest. En application du décret nazi du 3/12/43 contre l’action catholique française parmi les Travailleurs français en Allemagne nazie, il est arrêté à l’usine le 26 août 1944 par la Gestapo pour « activité catholique non politique » (d’après une fiche officielle établie après la guerre). Pendant les interrogatoires, il se déclare solidaire de ses camarades arrêtés en même temps que lui pour les mêmes raisons. Ils sont incarcérés à la prison de GrossHamburger-Strasse. Il est déporté le 24 septembre 1944 au camp de concentration de Oranienburg- Sachsenhausen (n°104461) ; puis transféré à Ravensbrück (n°10996). Il est embarqué dans un convoi d’invalides à destination inconnue et de non-retour.  
Lucien Croci décède le 27 mars 1945 dans un commando de Ravensbrück, sur l’ile de Barth. 

Joseph Paraire(1919-1945)

A Cologne, « Il était le « Bon Louis », toujours pénétré de l’idée de communauté Il voulait notre équipe fraternelle, chaleureuse. Et il agissait. Toujours à la baraque comme ’permanent’, il créait l’atmosphère sympathique » (témoignage P. Daniel Verbracken). Dans le « train de la mort », il mourut le dernier, de faim et d’épuisement, comme Français, entouré de ses frères. Il avait été le premier atteint de la dysenterie. Le corps de Louis fut transporté dans le wagon des mors sous les coups de Schlague des sentinelles.  

Joseph Paraire décède le 26 avril 1945, dans un wagon d’un « train de la mort », près de Pocking (Bavière). Ces restes ont été transférés et inhumés à Vincennes.